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SIMON DELESTRE : « CAYMAN A PRIS CONFIANCE EN LUI ET EN MOI AU FIL DE LA SAISON »

Contacté alors qu’il était sur la route de Mechelen (Malines) en Belgique, où il remporte mardi soir l’épreuve majeure à 160 cm avec Iniesta V, Simon Delestre nous dresse le bilan de sa superbe saison 2022, en particulier pour son bondissant Cayman Jolly Jumper. Une année couronnée de succès, avec une deuxième place dans la finale du Top Ten et la meilleure performance tricolore aux Championnats du monde à Herning. Il revient sur la progression du bai et aborde la saison à venir de ses quatre chevaux, Cayman, Iniesta V, Dexter Fontenis Z et I Amelusina R 51.

Pouvez-vous nous faire le bilan de votre saison 2022, en particulier pour Cayman Jolly Jumper, qui vivait sa première saison à ce niveau, avec une belle progression notamment sur cette fin d’année ?

Une saison optimum avec une évolution rapide et constante et solide tout au long de l’année. Les résultats ont toujours été formidables, mais au niveau du contrôle et de la maniabilité ça s’est vraiment amélioré chaque mois. Je pense qu’il a vraiment pris confiance en lui et en moi au fil de la saison. Herning c’était déjà bien, à La Baule par contre c’était encore fragile au niveau du contrôle. La qualité de saut elle n’a jamais été remise en cause. Après quand je voyais les vidéos, ça paraissait plus visible de l’extérieur que de l’intérieur parce que j’ai toujours réussi à le placer où je voulais même si parfois entre les obstacles ce n’était pas vraiment comme il fallait. Mais tout ça prend du temps, il a seulement 10 ans et ce qu’il a été capable de faire et d’apprendre au fur et à mesure de cette saison c’est formidable. J’ai vu que ce mois-ci, dans le classement mondial des chevaux, il était huitième pour sa première saison à ce niveau. A Genève il fait cinq parcours, dont le Top Ten et le Grand Prix, où il est sans-faute, c’est difficile de dire quelque chose.

Comme vous le disiez à Genève, l’objectif maintenant c’est de vaincre King Edward et Henrik von Eckerman ?

Progressivement on va gagner en relâchement et du coup en vitesse. Maintenant, ce qu’il a déjà fait cette année à Genève, il va falloir réussir à le refaire ! (rires)

Quels vont être les axes de travail pour qu’il continue à progresser la saison prochaine ?

C’est l’expérience de concours et la répétition qui vont jouer. Cette année, tous les concours il les découvrait pour la première fois. Il va revenir sur cette deuxième saison à haut niveau en ayant vécu quasiment tous les concours. C’est la même chose pour moi. Par exemple à La Baule, on n’avait jamais sauté de rivière sur herbe avant, c’est un petit détail mais qui peut jouer beaucoup par rapport à la pression et à l’intensité que je vais mettre sur tel ou tel obstacle. Aujourd’hui il a sauté partout et tous les obstacles, et tout ça fait que pour lui et pour moi ce ne sont plus des questions. C’est répéter les concours les uns après les autres dans les meilleures conditions possibles qui fait qu’on peut encore gagner un peu. Même si c’est difficile de dire ça par rapport au nombre de beaux parcours qu’il a fait sur 160cm cette année, il va déjà falloir rééditer.

Quels sont ses atouts et comment vous êtes-vous adapté à lui ?

Si on prend tous les points forts dont on a besoin pour faire du saut d’obstacles, si le meilleur est à 100%, lui il est à 120%. A son âge ce qu’il a fait avec cette facilité c’est incroyable. Il n’y a pas un enchaînement où je me dis que ça peut lui poser problème tant que je fais ce qu’il faut. Au début, j’ai eu besoin d’avoir quelques facultés d’improvisation, je n’arrivais pas toujours à passer dans les traces souhaitées. Mais aujourd’hui, je dirais depuis Rome, j’ai réussi à rester dans le tracé et le plan fixé.

Comment abordez-vous l’année 2023, pour lui et les autres chevaux de votre piquet ?

Avec Cayman, je vais essayer de cibler les plus belles épreuves, de faire juste ce qu’il faut pour qu’il reste en super forme et traverse l’année de 11 ans facilement et sans embûches. Chez les 9 ans, Dexter Fontenis Z est un peu plus avancé, il est lui dixième mondial ce mois-ci. Il a eu une année remarquable pour un cheval de 9 ans. Les deux autres, Iniesta V et I Amelusina R 51 vont avoir une année de 10 ans qui a été celle de Cayman cette année, une montée en puissance, avec beaucoup de découverte. Même si Cayman sur la découverte il a toujours réussi à transformer l’essai du premier coup ce qui est plutôt inhabituel. Pour les autres je m’attends à ce qu’il y ait des endroits ou des concours où ils vont vraiment performer et être au top et ensuite être un peu moins bien sur d’autres pistes. Ça va être de la découverte du très haut niveau pour ces chevaux.

L’un des trois pourrait-il bientôt venir épauler Cayman sur les plus belles épreuves ?

Les trois ont le potentiel, ça c’est évident. Après, tout est dans la capacité mentale des chevaux. J’essaye de les suivre, de les écouter et d’aller à leur rythme. C’est vrai que Dexter était plus avancé et que je sentais que ça lui procurait beaucoup moins d’émotions que les deux autres. Mais ils ont bien rattrapé la fin de saison, que ce soit Iniesta ou I Amelusina pour commencer à sauter des épreuves à 155/160 cm. Il y a encore beaucoup de choses à découvrir au plus haut niveau avec de nouveaux endroits et de nouveaux parcours mais ce sont vraiment trois chevaux destinés à faire du grand sport.

Vous travaillez depuis peu avec un nouveau cavalier de dressage, Nicolas Giraud, pour le travail de vos chevaux sur le plat. Comment est née cette collaboration ?

J’ai toujours eu un cavalier orienté dressage pour travailler les chevaux à la maison. J’ai besoin d’un dressage pour faire de l’obstacle, et j’aime bien avoir un œil extérieur, c’est intéressant de varier le travail.