International Trot : Etonnant prend ses marques à New York
Tous les supporters français auront les yeux rivés sur l’hippodrome de Yonkers, situé près de New York, samedi soir. Etonnant s’attaque à l’International Trot, considéré comme le championnat du monde américain des trotteurs. Voici quelques nouvelles du crack.
A la veille de l’International Trot, qui se disputera samedi sur l’hippodrome de Yonkers dans la banlieue de New York (départ à 21 heures, heure française), Etonnant (Timoko) a effectué son dernier travail jeudi matin, le premier sur le sol américain, que Richard Westerink avait décidé de repousser de 24 heures. Entré en piste à 16h45 (heure française), soit 10h45 heure locale, il a d’abord fait un échauffement avec Anthony Barrier. Un quart d’heure plus tard, Richard Westerink montait à son tour au sulky du champion sous les yeux de son éleveur et copropriétaire Christian Vigier. Changement de rythme aussi, avec un travail en intervalles. « J’ai fait trois intervalles de huit cents mètres chacun en le laissant aller à la fin, sans aller très vite non plus, commente un Richard Westerink serein. Tous les feux sont au vert. Aujourd’hui (lire jeudi), il n’y a rien contre Etonnant. Sans être prétentieux, je pense qu’il a déjà affronté des chevaux supérieurs. Il tirait un peu dans la main et, du coup, tapait dans le brancard du sulky qui est un peu court pour lui, mais tout s’est bien passé. Le cheval est bien souple. Maintenant, il faut que la piste continue à être grattée pour l’ouvrir car elle est vraiment dure. C’est pourquoi je ne vais pas le déferrer. Je ne veux pas prendre de risque car il a tout l’hiver à faire dans la foulée. De toute façon, il n’est pas beaucoup moins performant avec ses fers. »
Si on vante ses capacités à s’adapter à de nouvelles situations, Anthony Barrier éprouvait le besoin de prendre contact avec la piste. « J’avais fait le tour à pied mardi mais ce n’est pas la même chose d’être au sulky, juge le pilote. Ça m’a mis un peu plus dans le bain de faire l’échauffement ce matin (lire jeudi). Le cheval a du bon gaz. Il avait le nez bien en dedans dans les tournants mais il ne faudra pas qu’il cherche à se coucher pour ne pas perdre de temps et était bien souple. Je suis content de le voir comme ça. Ça me rassure. » Pour l’être encore un peu, Anthony Barrier va pouvoir driver avant l’International Trot, samedi, puisqu’il sera au départ de la première course de la réunion de samedi.
Quand le Gers part à la conquête des USA
Et dire que Christian Vigier hésitait à traverser l’Atlantique pour venir encourager Etonnant qu’il a élevé avec sa compagne, Mireille Baro, dans ses champs gersois ! « Je ne voulais pas venir à cause de la barrière de la langue car je ne parle pas anglais, confie l’éleveur en bord de piste ce jeudi matin. J’étais aussi un peu inquiet de laisser ma compagne avec tous les chevaux mais ma fille est descendue de Paris lui donner un coup de main. Richard (Westerink) a bien fait d’insister et je suis content d’être là. » Depuis son arrivée sur le sol américain, l’éleveur gersois en prend plein les yeux. « Il a fallu Etonnant pour que je vienne à Manhattan, sourit-il, sinon je ne serais jamais venu. J’ai été impressionné par les immeubles la nuit même si ce n’est pas trop mon truc et que je suis bien dans mon Gers. C’est l’expérience d’une vie, on se sent un peu moins idiot. » Une expérience inespérée. « Je me rappelle de Rêve d’Udon aux États-Unis à une époque où je devais tout juste commencer à élever. Jamais, je n’aurais pensé avoir un cheval qui viendrait courir ici. Je me sens comme un privilégié. »
C’est avant tout son rôle d’éleveur que Christian Vigier souligne dans cette aventure : « Je retiens surtout qu’un tel cheval a été élevé dans le Gers. Ça montre qu’on peut élever un champion en dessous de la Loire ». Et l’éleveur de rappeler le rôle essentiel de Richard Westerink. « C’est un garçon avec un tempérament d’aventurier, qui n’a peur de rien, souligne-t-il admiratif. Il va de l’avant et dit souvent : « Si on ne va pas courir, on ne pourra jamais gagner ». Il a raison. » Pour autant, Christian Vigier vit ses jours américains avec un certain recul. « Je ne suis pas plus impatient que ça d’être à la course. Je me protège, se défend-il. Si on le prend trop au premier degré, on y laisse des plumes. Vous savez, à l’Elitloppet, le grand favori est parti au galop… Ma hantise est qu’Etonnant ne fasse pas sa course. Que le meilleur gagne ! Après, plus Etonnant sera devant, mieux ce sera ! »