Thomas Carlile : « L’important était de remettre Darmagnac en confiance »
Avec Darmagnac de Béliard, Thomas Carlile a terminé deuxième du CCI3*-S au Printemps des sports équestres de Fontainebleau en conservant les points acquis sur le dressage. Moins d’un mois après son élimination sur le cross du CCI4*-S de Pompadour, le hongre de 11 ans a fait preuve de franchise et d’une fraicheur qui ont rassuré son cavalier, malgré sa déception d’avoir du tirer un trait sur son objectif olympique. Il s’est confié en toute franchise à l’issue de la remise des prix.
Quel regard portez-vous sur cet excellent retour de Darmagnac de Béliard après les difficultés rencontrées à Pompadour fin mars ?
Pour moi, ce sont des émotions un peu partagées. J’ai toujours du mal à digérer le fait que la campagne pour les Jeux olympiques n’ait pas abouti. L’essentiel est quand même que le cheval aille bien. C’est rassurant de le retrouver à nouveau comme on l’a connu les années d’avant. Je suis enchanté de voir comment il va, mais je suis partagé.
Avez-vous une explication vis-à-vis de votre mésaventure à Pompadour ?
J’avais programmé une rentrée à Kronenberg sur un niveau similaire qui lancerait bien sa saison. Les aléas font que ça n’a pas été possible (Darmagnac n’a pas été accepté lors de la première inspection vétérinaire, ndlr). Depuis sa blessure de l’an dernier, je me sentais dos au mur pour essayer de prendre une sélection. J’avais une stratégie élaborée, mais pas beaucoup d’options. À la fin, ce sont quand même les chevaux qui parlent. Avec les ambitions que j’avais et qu’avait l’entourage, j’espérais, on y croyait. Aller à Pompadour, même si c’était un plan D comme « démerde toi », c’était la seule stratégie qu’il restait. À un moment donné, ça joue ou ça ne joue pas.
Je n’ai pas vraiment d’explication à ce qu’il s’est passé là-bas, si ce n’est que le cheval déroulait un très bon parcours. Je n’ai pas eu un mauvais saut ou un signe de sa part d’inquiétude ou d’émotion. Il ne m’a jamais habitué à perdre confiance comme il l’a fait sur ce profil. J’ai du mal à l’expliquer. Il avait déferré d’un antérieur, comme l’année précédente et c’est suite à ça qu’il s’était blessé. Il manquait de course, il redémarre sur le haut niveau, ce qui n’est pas idéal. Peut-être que le fait qu’il ait déferré a rajouté un grain de sable dans l’engrenage. C’était assez difficile à digérer, mais c’est comme ça.
Comment avez-vous abordé cet international de Fontainebleau ?
Cette semaine, l’important était de remettre le cheval en confiance et de le retrouver. Je me suis entraîné sur le cross à la maison, je n’ai pas eu l’ombre d’un doute. C’était à la fois rageant et rassurant. Mais il fallait baisser le niveau d’épreuve, ce n’était que du bon sens. C’est aussi en épreuve qu’on peut voir s’il y a vraiment un sujet. Sur le cross, je l’ai monté avec de la présence et c’est vrai que c’est un cheval qui ne supporte pas d’être contraint ou d’avoir de la pression. Ça a l’effet inverse de ce qu’on voudrait. Parfois, on me reproche de le monter trop léger ou trop facile, mais c’est un cheval qui, dès qu’on lui met la moindre présence, il s’agace sur le cavalier et ne se préoccupe plus de ce qu’il a à faire. Il part et se fait peur.
Avez-vous déjà planifié la suite de sa saison ?
Je pense répéter une course facile pour qu’il accepte un peu plus de présence sur le parcours. À haut niveau, il a besoin d’une présence, sans pour autant remuer les tapis bien sûr. Je veux lui faire comprendre que je suis là pour l’aider et qu’il reste concerné sur ce qu’il a à faire quand on ferme un peu les mains ou qu’on met les jambes. On va voir comment il va cette semaine, mais il avait l’air en forme pour l’hippique, qu’il a bien sauté. J’ai un peu de mal cette saison à me projeter et trouver des plans. Par le passé, j’ai fait des erreurs à essayer de me rattraper sur quelque chose d’assez attrayant. Il y a plein d’épreuves qui font envie, mais c’est aussi un peu de l’orgueil de vouloir rebondir. Ce n’est pas forcément ce qu’il y a de mieux pour le cheval.
Il fera donc sa petite course et ensuite, je verrais le calendrier qui se présente. Comme il a une santé que je qualifie d’encore un peu « fragile », ce n’est pas évident de courir l’été. Si le sol est trop ferme, c’est prendre un risque supplémentaire. Vu que je n’ai que lui, je suis très frileux à me décider. J’ai plutôt l’habitude de faire un départ de lion et une arrivée de couillon, là je fais un départ de nul et je ne suis pas à l’arrivée non plus.
Vous avez tout de même de bons jeunes chevaux pour construire votre futur piquet…
Oui, c’est une motivation, mais je commence à me fatiguer de me projeter sur mes jeunes. Si je fais ce métier et que je me donne beaucoup de mal, c’est aussi parce que le haut niveau me fait rêver. J’ai un peu de mal en ce moment à le concrétiser et être équipé. Je me force à préserver Golden (de Béliard, double championne du monde à 6 et 7 ans, ndlr). Elle est dans son année de 8 ans et n’a pas de grande échéance. Je ne veux pas la lancer pour les championnats d’Europe de l’année prochaine. Je veux qu’elle répète ses gammes et continue à se construire, sans se jeter sur toutes les épreuves, afin d’avoir de la visibilité à long terme.
Qu’avez-vous pensé de ce concours, et notamment de son organisation ?
J’ai adoré ! C’est la troisième année que le Printemps des sports équestres organise le Master Pro en saut d’obstacles et dès la première année, je n’en avais entendu que des éloges. Il ne faut pas se cacher qu’il y a 5 ou 6 ans, tout le monde s’arrachait les cheveux pour savoir comment redonner de l’envie et de l’engouement à ce championnat de France. Là, honnêtement j’ai l’impression d’être à Aix-la-Chapelle. Il y a de l’ambiance, de l’histoire, une âme, du mythe, de l’envie. Et ça, tous les sites ne l’ont pas. Cette année, le test event était l’occasion d’intégrer le complet. Je souhaite qu’ils arrivent à pérenniser. C’était vraiment super agréable de pouvoir faire partie de cet événement.
Source : chevalmag.com