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Une nouvelle équipe et de nouveaux défis pour le stud-book

Le 28 avril s’est tenue la traditionnelle assemblée générale du Stud-book Selle Français. Outre les rapports moraux et financiers, ce fut l’occasion de renouveler une partie du conseil d’administration. Symbole du dynamisme de l’association, le scrutin a permis d’élire une vingtaine de nouveaux administrateurs, femmes et hommes investis et passionnés. D’importants défis les attendent dans les mois et les années à venir, comme l’explique Pascal Cadiou, président reconduit pour un troisième mandat.

Comme en matière d’élevage, l’apport de sang neuf dans la gestion d’un organisme clé de la filière offre souvent de belles opportunités. C’est en tout cas ce dont Pascal Cadiou est convaincu. “Le conseil d’administration rajeunit et se féminise, ce qui est important. Cela démontre que nous parvenons à mobiliser de nouveaux militants. Tous les candidats élus ont produit des professions de foi intéressantes, où l’on sentait leur envie de professionnaliser l’activité d’élevage, et de renforcer la place du Selle Français au sein du futur paysage de la filière. Nous devions tous prendre conscience de l’indispensable nécessité d’évoluer pour préserver la place des organismes de sélection, notamment dans la future Société hippique française (SHF) qui obtiendra prochainement le statut d’organisme de contrôle de performance.” C’est d’ailleurs pour cette raison essentielle que Pascal Cadiou a choisi de se présenter de nouveau et ainsi poursuivre le travail de consolidation du Selle Français.

Des choix stratégiques pour l’avenir

Maintenant que les commissions ont été constituées et réunies une première fois, celles-ci vont s’atteler aux différents chantiers qui s’ouvrent, à commencer par l’adaptation des statuts juridique et fiscal au nouveau règlement zootechnique européen, le fameux RZUE. “Sa transcription en droit français à travers le Code rural est en cours”, précise Pascal Cadiou. “Nous avions anticipé le sujet depuis 2018, année où nous avons obtenu un premier agrément. Nous devrons probablement adapter certains points, mais l’essentiel a déjà été mis en place.” En effet, depuis le 1er novembre 2018, le règlement européen 2016/1012 relatif aux conditions zootechniques et généalogiques applicables à l’élevage, aux échanges et à l’entrée dans l’Union européenne de reproducteurs de race pure et de leurs produits germinaux (semence, embryon, ovule) est applicable dans tous les États membres *. Les enjeux sont multiples. Cela va de l’amélioration de la compétitivité de la génétique animale française, et de l’ensemble de l’élevage français, à la préservation des ressources zoogénétiques françaises, le maintien d’une gestion raciale cohérente et efficace, et la contribution des acteurs français à une génétique européenne performante et reconnue au niveau mondial, ce qui, lorsque l’on observe les performances du Selle Français sur la scène internationale, semble être plutôt en bonne voie.

De nouveaux outils pour une meilleure sélection

Dans la droite ligne de ces changements, le Selle Français doit transformer son règlement de stud-book en véritable programme de sélection, ce dernier devant être déposé auprès du ministère de l’Agriculture avant la fin 2022. “Nous étions restés sur des terminologies propres aux chevaux de sport et au Selle Français”,indique Pascal Cadiou. “Nous devons donc désormais utiliser le vocabulaire commun à l’ensemble des organismes de sélection animale.” Ces évolutions réglementaires auront un impact sur le fonctionnement de la filière. Autre réflexion cruciale: les trois ans Sport. “Autant la voie femelle des deux et trois ans avec leur finale à Fontainebleau, les foals et poulinières, ou encore le testage des mâles progressent, autant les trois ans Sport sont en nette diminution, malgré un encouragement financier en hausse”, constate Pascal Cadiou. Une enquête auprès des éleveurs va donc être menée afin d’identifier les raisons de cette baisse et ainsi relancer l’attractivité du circuit. Enfin, le Stud-book souhaite développer le transfert des connaissances et des informations pour augmenter les données disponibles sur les reproducteurs (mâles et femelles) dans le but de mieux produire. “Il est important de communiquer à travers différents outils, notamment pour informer sur les modalités d’inscription à titre initial”, précise-t-il. Ces cas représentent tout de même 10% des naissances annuelles, soit environ 700 dossiers. Dans cette même optique, le Selle Français va poursuivre son travail sur les outils d’aide au croisement, notamment en évaluant les potentialités de la génomique. “Nous disposons déjà de plusieurs outils, que ce soient les indices de performance ou les données sur la production des étalons en fonction de leur âge et du nombre de produits dans les disciplines du saut d’obstacles et du concours complet **. Il faut continuer les études, comme cela a été fait dans d’autres espèces où la sélection se base sur des critères bien identifiés liés au patrimoine génétique.” Des milliers de données disponibles restent à croiser, synthétiser et traduire sous forme d’outils et de bases de connaissances, dans un unique but: faire avancer le Selle Français et l’ensemble de la filière.

*Le règlement zootechnique de l’Union européenne (RZUE) fixe les règles d’organisation de la génétique animale pour les reproducteurs de races pures bovins, ovins, caprins, porcins et équins. Il a pour principal objectif de parachever la réalisation du marché unique, c’est-à-dire la libre circulation des reproducteurs et de leurs matériels génétiques ainsi que des services au sein de l’Union européenne.