Monde

Les cartes sont rebattues et Henrik von Eckermann perd le leadership dans la finale de la Coupe du monde

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la deuxième étape de la finale de la Coupe du monde Longines d’Omaha a rebattu les cartes. Au terme d’une épreuve à barrage palpitante, le sommet du classement général a été chamboulé, Henrik von Eckermann laissant sa place de numéro un pour la troisième. Remarquables aujourd’hui, Pius Schwizer et Andreas Schou occupent la tête du classement avant la finale en deux manches, respectivement sur Vancouver de Lanlore et United Touch S. Ayant tout tenté au barrage, Julien Épaillard n’a pas obtenu gain de cause avec Donatello d’Auge mais est remonté dans le Top 15. Kevin Staut a quant à lui perdu quelques rangs avec Visconti du Telman.

Ils ont réalisé une belle opération

Quel deuxième acte la finale de la Coupe du monde Longines d’Omaha ! Après l’épreuve au barème C hier, qui compte autant que ce deuxième acte dans le classement général, le suspense est plus que jamais présent avant la finale en deux manches, qui se tiendra dans la nuit de samedi à dimanche. Aujourd’hui, plusieurs couples ont signé de très belles opérations, à commencer par Pius Schwizer sur Vancouver de Lanlore et Andreas Schou avec Darc de Lux. Ex-æquo, ils occupent désormais la tête du classement général sans le moindre point au compteur. Le Suisse et l’ancien complice de Pénélope Leprevost ont pour cela signé un remarquable double zéro avec un barrage savamment tenté, sans pour autant risquer de tout perdre. Quatrièmes de l’épreuve aujourd’hui, ils remontent ainsi de trois rangs. Notons tout de même que la chance a été dans leur camp lors du tour initial car la palanque du premier plan de l’oxer n°13 a bien failli quitter ses taquets après avoir sacrément tremblé. À soixante ans, le cavalier à la veste rouge est en position idéale pour soulever le trophée, treize ans après sa deuxième place à Genève et onze ans après son troisième rang à Bois-le-Duc, à chaque fois grâce aux inoubliables Ulysse et Carlina.

Pour Andreas Schou, la soirée s’est idéalement passée après un premier tour magnifique sur son bai brun Darc de Lux. Chanceux sur l’avant-dernier vertical du barrage, le Danois a levé le poing en franchissant la ligne d’arrivée, conscient qu’il effectuait une formidable opération. Cinquième à Lyon et quatrième à Göteborg cette année, le chef de file du drapeau pourpre à la croix blanche et son fils de Darco n’ont jamais commis plus d’une faute en sept étapes courues cet hiver. Quarante-deuxième au classement mondial, le discret trentenaire fait figure d’outsider dans ce championnat et pourrait bien s’offrir son premier grand titre pour sa toute première finale indoor. Toutefois habitué à la pression des championnats, il a déjà couru sept championnats d’Europe, terminant neuvième à Aix-la-Chapelle en 2015 avec Leonardo Der Kleine, ainsi que deux éditions des championnats du monde. Puissant et encore très en forme, son étalon de douze ans semble avoir le profil pour enchaîner deux parcours sans faute dimanche. Wait and see… Ils devront toutefois affronter Henrik von Eckermann, assoiffé de victoire avec le meilleur cheval du moment. Les doubles champions du monde ont buté sur le vertical n°9 qui suivait un demi-tour aujourd’hui. Un rappel à l’ordre qui n’a que moyennement plu au Suédois, visage fermé en sortie de piste.

Treizième hier, Richard Vogel a fait un impressionnant bond en avant grâce à sa magnifique victoire ce soir dans l’épreuve à barrage. Aux rênes du séduisant United Touch S, l’Allemand de vingt-six ans qui court son premier grand championnat a frappé un grand coup et se place quatrième avec seulement deux points. Lui qui passe une partie de son hiver en Floride pour courir au Winter Equestrian Festival de Wellington, avait tout de même fait quelques bonds en Europe cet hiver pour terminer notamment deuxième de l’étape de Leipzig avec Looping Luna, depuis passée chez le champion olympique suisse Steve Guerdat, et surtout s’imposer avec son fils d’Untouched dans l’étape disputée de Leipzig.

Neuvième hier, le Brésilien Yuri Mansur a gagné quatre rangs grâce à son incroyable battant Vitiki. Faisant valser le taquet du mur au barrage – ce qui ne coûte aucune point – l’alezan de quinze ans par Valentino n’a pu sauver la faute sur l’ultime oxer. Avec trois points, ils seront à surveiller de près lors de la finale samedi soir. Déjà présentes l’an passé lors de la finale de Leipzig, Hunter Holloway et la pétillante Pepita Con Spita ont été l’un des motifs de satisfaction du public américain grâce à un premier sans-faute remarquable. Piégées sur l’avant-dernier obstacle du barrage, celles-ci ont tout de même réussi une belle opération et sont les meilleures représentes du Stars and Stripes. À vingt-cinq ans, la cavalière qui affichait un sourire décontracté avant de prendre le départ du parcours au chronomètre pourrait bien créer la surprise. Dans le Top 10 de trois étapes de la Coupe du monde aux États-Unis et lauréate du Grand Prix 5* de Saugerties cet hiver, la charmante grise semble en tout cas disposer de toutes les qualités pour emmener sa cavalière vers un très grand résultat.

La jeune génération de cavalier est sans conteste à l’honneur puisque Harry Charles, vingt-trois ans, a aussi été l’un des hommes forts de cette soirée grâce à son sublime et intouchable Balou du Reventon, qui a toutefois montré un passage de postérieur relativement inhabituel, notamment lors du tour initial… Les voici septièmes, à égalité avec Harrie Smolders et Monaco, piégés dès le premier parcours aujourd’hui.

L’une des belles images du jour restera la joie de Victoria Gulliksen, première femme norvégienne à prendre part à ce rendez-vous. Celle-ci a une nouvelle fois pu compter sur son généreux Equine America Papa Roach pour s’inviter au barrage, où elle a joué placé. Avec dix points et donc un écart significatif avec le sommet de la hiérarchie, elle se trouve ex-aequo avec Devin Ryan et Eddie Blue, deuxième de la finale de Paris en 2018, mais aussi Scott Brash, l’un des perdants de la soirée sur Hello Jefferson.

Ils ont tout perdu ou presque

Deuxième à l’issue de la Chasse, Scott Brash a en effet été l’un des perdants du jour, son bai fautant en première partie d’épreuve sur l’oxer n°6 mais aussi sur les éléments A et B du triple. Une contre-performance pour l’Écossais, qui faisait office de favori, neuf ans après sa troisième place dans la finale lyonnaise avec Ursula XII.

Juste derrière, Wilma Hellström a elle aussi concédé douze points sur le tour initial avec sa bonne jument borgne Cicci BJN. Parmi les révélations des derniers mois, les représentantes suédoises ont été rétrogradées de sept rangs. Dixième hier et peu attendu si haut, le local Aaron Vale s’est lui aussi heurté au parcours du Portugais Bernardo Costa Cabral, fautant à trois reprises avec Prescott. Chef de file de la délégation américaine compte-tenu de son expérience, McLain Ward n’a pas fait de miracle aujourd’hui avec Callas, qui découvre ce niveau de compétition. Celui qui remportait ce rendez-vous sur cette même piste en 2017 avec la génialissime HH Azur n’est aujourd’hui plus que vingt-et-unième.

Parmi les déçus du jour, Daniel Deusser, l’un des incontestables favoris, est très certainement en haut de la pile. Troisième hier et idéalement lancé avec son très fiable Scuderia 1918 Tobago Z, l’Allemand a préféré faire sortir hâtivement du triple son petit alezan, qui a peiné à couvrir le deuxième élément. Signifiant son abandon au jury, le vainqueur de la finale édition 2014 ne sera donc pas au rendez-vous pour l’ultime acte, réservé aux trente meilleurs couples à ce stade de la compétition.

Le parcours de Jur Vrieling s’est également conclu trop tôt après une chute du Néerlandais, son surpuissant Long John Silver ayant lourdement trébuché dans le tournant pour aborder l’ultime effort. Tous deux semblaient heureusement bien se porter en sortant de piste.

Julien Épaillard intègre le Top 15

Vingt-sixièmes après la Chasse et une déconvenue au paddock, Julien Épaillard et Donatello d’Auge sont remarquablement repartis de l’avant dans le parcours initial aujourd’hui. Le duo de Normands a même été le premier à trouver la clé du sans-faute dans cette épreuve. Au barrage, le bai brun de dix ans formé par Séverin Sigaud a malheureusement été piégé sur le deuxième et le dernier obstacle. Tentant le tout pour le tout, le cavalier du haras de la Bosquetterie a selon ses propres termes “pris tous les risques”. “J’aurais pu adopter une stratégie différente, aller un peu moins vite et viser une remontée en assurant un peu plus le coup, mais ce n’est pas vraiment dans la façon que j’ai de voir les choses donc j’ai donc joué le jeu du barrage. Donatello a perdu aujourd’hui mais il a appris quelque chose. Je savais qu’au classement général je n’avais plus vraiment quelque chose à jouer. Je rentre quand même dans la finale, et je la courrai pour lui donner de l’expérience”, a analysé le numéro deux mondial a posteriori. Le couple est pour l’heure quinzième avec treize points. Avec onze rangs de gagnés, il signe la plus belle remontée de la journée.

Quatorzième hier, Kevin Staut n’a pas connu l’issue espérée dans cet acte puisqu’il a quitté la piste américaine avec huit points sur Visconti du Telman. La fille de Toulon a pêché sur la deuxième barre de l’oxer n°10 et l’entrée du double n°12. “Je suis un peu déçu du score car Visconti sautait encore très bien, techniquement elle était très disponible et j’avais réussi à faire ce que nous avions prévu avant de rentrer en piste. Sur la première faute, j’aurais dû optimiser un peu, mais j’ai vraiment pensé à attendre le saut sur l’oxer sur bidet. C’est vraiment dommage pour la deuxième faute car elle va nous mettre un peu loin au classement. Je vais essayer de me servir de la finale samedi pour combler les petites lacunes qu’on rencontre encore en parcours”, a réagi le champion olympique par équipes.

L’ultime acte de ce point d’orgue du circuit indoor se tiendra donc dans la nuit de samedi à dimanche, à 1h15 heure française. Elle réunira les trente meilleurs couples à ce stade du championnat dans une première manche, à l’issue de laquelle seuls les vingt meilleurs seront repris.